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Lorsque nous pensons à la comptabilité, l'image de la technologie ou de l'innovation ne nous vient pas immédiatement à l'esprit. La profession est souvent associée à des stéréotypes, comme le fait qu'elle soit ennuyeuse et remplie de paperasse. Pourtant, rien n'est plus éloigné de la vérité, affirme Andries Geers, directeur général de la société de logiciels comptables Octopus. « Les technologies existent », déclare Geers. « Les innovations pour numériser la comptabilité sont en place depuis un certain temps. Il appartient désormais aux cabinets comptables de franchir le pas. Je pense cependant que le secteur est en bonne voie. Donnons-leur un peu de temps et ils se transformeront complètement. Le préjugé selon lequel la comptabilité serait une profession ancienne et poussiéreuse est totalement incorrect. »
Cette numérisation s’impose car le secteur est sous pression. Trop de travail, accompli par trop peu de personnes, pousse les cabinets à chercher des moyens plus efficaces de fonctionner. « La comptabilité est un métier en pénurie », explique Geers. « Les comptables doivent respecter une série de délais et la législation ne les aide pas. Parallèlement, de moins en moins de comptables sont diplômés. Les cabinets comprennent qu’ils doivent se numériser, sinon ils ne pourront plus accomplir leur travail. »
L’un des plus grands défis du secteur, qui peut être résolu par la numérisation, est le pic de TVA. « Tous les trois mois, pratiquement toute notre économie soumet ses factures à son comptable », explique Geers. « Ce comptable dispose alors de 20 jours pour saisir toutes les informations dans le système. Dans le secteur, on appelle cela le pic de TVA, et c’est en fait de la folie. En numérisant, nous pourrions intégrer les factures dans un système numérique tout au long de l’année, partagé entre le client et le comptable. Le pic de TVA est en réalité un vestige de l’époque où la comptabilité se faisait sur papier. La numérisation peut facilement résoudre ce problème. »
De nouvelles technologies arrivent également. « Une innovation qui pourrait transformer complètement le secteur est Peppol», affirme Geers. « Il s’agit d’une plateforme européenne d’échange de factures. Vous utilisez donc un logiciel connecté à ce réseau. Lorsque vous envoyez une facture à une entreprise, elle reçoit votre facture directement dans son logiciel. Ce sont des données pures qui vont d’un outil logiciel à un autre. Cela semble très simple, mais cela peut être révolutionnaire. La marge d’erreur qui existe aujourd’hui parce que les factures doivent être retapées et saisies dans un système n’existera plus, par exemple. C’est beaucoup plus efficace. »
Mais qu’en est-il de l’intelligence artificielle (IA) et de la blockchain ? Ces technologies sont souvent mentionnées lorsqu’il s’agit de numériser la comptabilité. « L’IA et la blockchain ne feront pas la grande différence », réagit Geers. « L’IA est principalement utilisée en comptabilité pour transformer ce qui arrive en données. Il existe par exemple de nombreuses applications qui scannent les factures papier et les numérisent automatiquement. PEPPOL rendra une grande partie de ces applications inutiles. Dans des niches spécifiques, l’IA aura une utilité pour les comptables, mais elle ne constituera pas une révolution. La blockchain concerne la fiabilité des informations transmises. Là encore, PEPPOL offre autant de garanties dans ce domaine. »
Selon Geers, la technologie ne signera pas non plus la fin du comptable tel que nous le connaissons. « On dit souvent aujourd’hui qu’un comptable sera surtout un conseiller à l’avenir. Mais je n’y crois pas. L’administration doit encore être faite, même avec plus de numérisation. Peut-être y aura-t-il une distinction entre les cabinets axés sur l’administration et ceux axés sur le conseil. Cette distinction existe déjà aux Pays-Bas, mais il est encore trop tôt pour dire si elle apparaîtra aussi en Belgique. »
Mais indépendamment de la technologie, les comptables ne doivent pas oublier l’aspect humain de la transformation numérique. « Le plus important est que les comptables continuent de bien communiquer avec leurs clients », conclut Geers. « Beaucoup de cabinets le font encore trop peu aujourd’hui. Lorsque vous parlez avec vos clients, ils vous diront où se trouvent pour eux les avantages de la numérisation. Parfois, il y a de petits détails qui convainquent les entreprises de numériser leur comptabilité, comme la possibilité de soumettre un reçu via une photo. Parlez donc à vos clients avant de choisir un logiciel. »